Homélie pour la Fête de l’Épiphanie du Seigneur – le dimanche 2 janvier 2022
Isaïe 60, 1-6 /Psaume 71 (72) / Éphésiens 3, 2-3a.5-6 / Matthieu 2, 1-12
Nous sommes les mages!
L’aventure des mages nous fascinent encore. Tellement ils nous ressemblent et nous donnent le goût de partir avec eux. Guidés par cette même étoile qui les a mis en mouvement, les attiraient et leur montrait le chemin, nous irions nous aussi adorer l’Enfant. Heureuse complicité qui nous tiendrait avec eux jusqu’au bout de leur parcours!
Qui étaient-ils? Des magiciens? Des gens curieux, des chercheurs? Des sages, des savants, peut-être? On ne le sait pas. Il y a chez eux le goût de partir et d’aller voir, d’aller avec humilité et en toute bonne fois vénérer Celui dont ils ont vu et reconnu le signe dans un ciel étoilé.
Avons-nous bien nous-mêmes cette sensibilité pour détecter, reconnaître et suivre les signes de Dieu? Ou bien sommes-nous plutôt de ceux qui n’en ont que pour eux-mêmes? Qui posent seuls les jalons à suivre pour aller leur propre chemin, en marchant dans le confort des sentiers battus? Décidant par eux-mêmes de tout ce qu’il faut faire? Ceux qui partent de cette façon ne vont pas vraiment loin, parce que, bien vite, ils tournent en rond.
Ce qui m’étonne chez les mages c’est la « passivité » de leur démarche. Oui, bien sûr, ils bougent, ils se démènent, ils prennent la route. Ils questionnent. Mais toujours ils sont dociles. Ils ont cette humilité de l’obéissance. Ils se laissent instruire et guider vers leur but. Ils n’inventent rien. Ils découvrent.
Ainsi à Jérusalem, malgré ce qu’ils pressentent de nonchalance ou d’énervement, de réaction bizarre chez les gens en place, ils ne perdent pas leur enthousiasme ni leur détermination; ce qui se passe là-bas, dans les cœurs et dans les intrigues de palais, cela ne les affecte pas. Ils n’argumentent pas. Ils s’empressent de faire confiance aux instructions qu’ils reçoivent pour enfin rejoindre Celui dont ils avaient désormais les coordonnées précises grâce aux secrets des Saintes Écritures.
C’est cette persévérance et cette obstination que je me plais à contempler dans la saga des mages. Dociles à la guidance qui leur est donnée au fur et à mesure de leur pèlerinage, ils persévèrent dans leur quête. Ils sont enveloppés d’une aura divine. Dieu lui-même les a pris en charge pour les mener jusqu’à Lui.
Ne sommes-nous pas aujourd’hui encore à pied d’œuvre pour trouver Dieu, pour nous prosterner devant le Christ, pour le découvrir avec sa mère. L’enfant de Bethléem, n’est-il pas un des nôtres, comme Marie sa mère, et pourtant aussi notre Dieu en la personne du Fils?
Dans les mélanges où nous sommes aujourd’hui avec toute l’accumulation et la brouille de nos sciences, de nos philosophies, de nos remises en question, ne nous faut-il pas, pour retrouver le Centre de nos vies, reprendre notre marche à l’étoile? Retrouver les mots de l’Écriture qui nous parlent de Lui? En bien méditer le sens et la puissance de révélation? Entrer dans cette complémentarité des signes? Faire confiance? Ne nous faut-il pas nous remettre à l’écoute dans l’obéissance de la Foi?
Et, à terme, nous n’aurons pas oublié notre offrande, l’or de notre cœur, l’encens de nos prières, la myrrhe de nos douleurs et de nos peines. Tout ce qui peut révéler la totalité de notre hommage, de notre engagement, l’offrande de nous-mêmes et notre adoration. Ce sera là la part que nous voudrons apporter au Mystère de la Venue de Celui qui le premier nous appelle vers Lui.
Il se montrera à nous dans la vulnérabilité et l’humilité, la pauvreté d’un enfant. Sur lui cependant veillera une maman radieuse et bénie, Marie, dont nous découvrirons, grâce à lui, qu’elle est aussi notre Mère. Depuis les débuts, elle est là pour nous le présenter, nous le donner, se faire la complice de notre merveilleuse découverte du Christ, son enfant, notre frère et notre Sauveur.
Fr Jacques Marcotte, O.P.
Québec, QC