Homélie pour le 24e dimanche du temps ordinaire – 11 septembre 22
Exode 32, 7-11.13-14 / Psaume 50 (51) / 1 Timothée 1, 12-17 Luc 15, 1-10
L’Amour nous cherche!
« Réjouissez-vous avec moi, car j’ai retrouvé ma brebis, celle qui était perdue! » « Réjouissez-vous avec moi, car j’ai retrouvé la pièce d’argent que j’avais perdue! » Jésus parle à des gens qui boudent. Qui ne partagent pas sa joie de se retrouver au milieu des pécheurs venus auprès de lui pour l’écouter, auprès de celui qui va même jusqu’à manger avec eux. Quelle horreur pour les pharisiens et des scribes! Or, ceux-ci devraient plutôt s’en réjouir et rejoindre eux aussi la fête.
Avez-vous déjà perdu quelque chose? Un crayon? Votre peigne? Il y a de ces pertes qui ont peu d’importance ni de conséquence. On ne cherche même pas. On passe vite à autre chose. Mais il y a plus sérieux. Si vous perdez un objet plus important, vos clés de maison, par exemple. Votre porte-monnaie! Vos cartes de crédit! Votre journal intime! Vous en êtes grandement affectés. Vous ne prendrez pas de repos tant que vous n’aurez pas retrouvé l’objet en cause pour le sécuriser. Vous vous informez aux alentours. Vous cherchez partout, inlassablement, jusqu’à remuer toute la maison. Et quand vous avez trouvé, quel soulagement! Quelle joie! Avec cette envie de le dire à tout le monde, tellement vous êtes content!
La peine est plus grande encore quand il s’agit d’une personne. Ainsi la perte d’un ami, le départ inopiné d’un fils, d’une fille, d’un conjoint. Il y a de ces pertes qui nous font pleurer, qui nous font vieillir. Et alors c’est plus difficile d’en arriver à des retrouvailles. Il y a eu peut-être des histoires, un bris de confiance, un malentendu. Et puis, ce fut la rupture! Une relation brisée, ressentie comme une grande perte, dont vous êtes inconsolable. Pas facile d’imaginer le retour! Il faut compter avec le temps, avec la liberté, avec la bonne volonté de chacun. La joie des retrouvailles, quand elles viennent, est alors vivement ressentie. Elle est à la mesure du grand amour blessée, de la peine et des souffrances ressenties.
De telles expériences nous aident à comprendre ce qui se passe dans le cœur de Dieu si l’on considère nos éloignements et notre péché. Elles nous rendent sensibles au ressenti du cœur de Jésus et de ceux des publicains et des pécheurs convertis. L’immense joie du retour! Comment les pharisiens et les scribes pourraient-ils passer à côté d’une joie pareille?
L’Évangile nous dit que Dieu est comme ça. Il nous avait perdus, nous ses enfants bien-aimés. Nous devons penser qu’il s’est mis en peine pour nous. Jusqu’à nous chercher dans les sous-bois, dans le creux des rochers, par monts et vallées. Il faut imaginer sa grande sollicitude, sa quête incessante jusqu’à remuer ciel et terre pour nous retrouver, nous qui étions perdus, éloignés, ignorant même la peine et la compassion de notre Seigneur, nous pourtant si importants et précieux à ses yeux, à son cœur!
Voilà qu’il nous l’a dit en clair en ces deux petites paraboles comme aussi dans le témoignage personnel de saint Paul. « Le Christ Jésus, écrivait l’Apôtre à son disciple Timothée, est venu dans le monde pour sauver les pécheurs; et moi, je suis le premier des pécheurs. Mais s’il m’a été fait miséricorde, c’est afin qu’en moi le premier, le Christ Jésus montre toute sa patience, pour donner un exemple à ceux qui devaient croire en lui ».
Seigneur, j’hésite parfois à me mettre en route vers ceux qui s’éloignent de toi. Je me surprends à les exclure, à me séparer d’eux. Toi tu m’invites à les chercher avec toi, à les aimer comme toi tu les aimes, à les comprendre, à leur montrer sollicitude et miséricorde. Tu m’invites à une attitude d’accueil et de bonté, à me réjouir avec toi de tout retour en grâce, à me laisser moi-même retrouver, remettre sur le bon chemin. Donne-moi d’entrer dans ton mouvement de salut, de réconciliation, de communion. N’est-ce pas là tout le sens et la raison de ta venue au milieu de nous?
Fr Jacques Marcotte, O.P.
Québec, QC