Homélie pour le 27e dimanche du temps ordinaire – 2 octobre 2022
Habacuc 1, 2-3;2, 2-4 / Psaume 94 (95) / 2 Timothée 1, 6-8.13-14 / Luc 17, 5-10
Puissance de la Foi!
Les ouragans Fiona et Ian ont semé, tout récemment, la destruction et la détresse dans les Antilles, la Floride, les Carolines et jusqu’en Nouvelle=Écosse et Terre-Neuve. Le déchainement des éléments a déraciné bien des arbres pour les planter littéralement dans la mer. Le travail conjugué des vents et de la pluie a produit d’importants dégâts. On en est encore au bilan qui ne cesse de s’alourdir. L’Évangile de ce dimanche attribue aux croyants une puissance comparable : « Si vous aviez de la foi, gros comme une graine de moutarde, vous auriez dit à l’arbre que voici : « DÉRACINE-T-I ET VA TE PLANTER DANS LA MER », et il vous aurait obéi. » Disant cela, Jésus ne nous demande pas de produire avec notre foi des effets de tempête. Il a seulement cette façon imagée de nous dire la puissance de la foi. La foi que nous ne prenons pas assez au sérieux dans notre vie. Une foi dont il nous suffirait d’en avoir bien peu pour produire de grandes choses, merveilleuses, étonnamment puissantes.
Les Apôtres sont unanimes à demander au Seigneur : « Augmente en nous la foi! » Nous comprenons qu’ils ont le sentiment d’en avoir un peu, mais pas assez. Le Seigneur dans sa réponse a bien l’air de leur dire que ce n’est pas une affaire de quantité. En fait, une étincelle de foi suffirait! Gros comme la plus petite graine de semence, une graine de moutarde, et c’est assez pour réaliser l’impossible. Parce que la foi, c’est une prise réelle sur Dieu, le maître de l’impossible. Ce que le Seigneur nous dit, c’est que nous utilisons trop peu la force de notre foi. Croire en Dieu, c’est lui donner la permission de s’introduire dans notre vie; c’est laisser libre cours en nous à son aide, à sa présence, à son amour. C’est lui donner le champ libre pour nous guider, pour insuffler en nos cœurs la paix, la sagesse, la miséricorde. Dieu a besoin de notre prière pour nourrir notre vie de ses dons.
La parabole qui vient tout de suite après, dans l’Évangile de ce dimanche, n’est peut-être pas si étrangère qu’elle en a l’air à ce qui précède. On se souvient du serviteur qui fait tout simplement les choses ordinaires que son maître attend de lui. Encore une fois, Jésus force un peu la note. À considérer le maître, on le trouve un peu trop exigeant, égoïste même. En demande-t-il trop à son serviteur quand il l’oblige à le servir encore après sa dure journée de travail? C’est exiger beaucoup! Mais, il faut plutôt nous placer dans la peau du serviteur, ou du moins regarder l’attitude qui est la sienne : la fidélité jusqu’au bout. L’exécution complète de ses tâches. La perfection de son agir dans le service qu’on attend de lui. Là est son bonheur et sa joie! Parce qu’il est dans la volonté de son maître, dans la vérité de son appel, en communion avec lui.
Voilà l’œuvre première de notre foi. Nous aider à tenir jusqu’au bout dans nos tâches et notre service. « Le juste vivra par sa fidélité » disait le prophète Habacuc. Patience. Persévérance. Il ne décroche pas. Sur les mouvances et les circonstances parfois instables et troublantes du quotidien, il demeure humble et fidèle. Ça vaut bien un arbre planté dans la mer. Tout aussi étonnant! Plus merveilleux encore!
Les paroles de ce dimanche tombent bien pour nous encourager au milieu de l’automne, alors que nous ressentons peut-être les premiers symptômes de lassitude et d’essoufflement. Elles nous encouragent à garder le cap sur l’essentiel de nos vies, qui est service, communion à la volonté du Père, amour et paix, avec la joie de nous savoir chacun, chacune à notre place. Cela ne nous empêche pas de rêver à de grandes choses. Mais toujours, il suffit de nous positionner dans la ligne des attentes du Seigneur sur nous, à la manière de Jésus le bien-aimé du Père. Il s’agit de nous conformer à ce qui vient de lui, d’être attentif et disponible à notre prochain. Rappelons-nous Saint Paul dans sa 2ième Lettre à Timothée, qui disait : « Ce n’est pas un esprit de peur que Dieu nous a donné, mais un esprit de force, d’amour et de pondération. » Forts de ce que la Foi nous obtient, nous planterons un « arbre dans la mer », l’arbre de la Croix glorieuse, l’Arbre de Vie. L’œuvre du Mystère pascal traverse en effet le quotidien du croyant pour donner à son ouvrage valeur de rédemption, valeur de résurrection, valeur d’éternité. Amen.
Fr Jacques Marcotte, O.P.
Québec, QC