Homélie pour le sixième dimanche de Pâques - le 9 mai 2021
Actes 10, 25-26.34-35.44-48 / Psaume 97 (98) / 1 Jean 4, 7-10 / Jean 15, 9-17
Aimer comme il nous aime!
Les mamans ont notre attention particulière en ce dimanche de la Fête des Mères. Au cœur de l’eucharistie dominicale nous voudrons leur faire une place, leur exprimer une reconnaissance, rendre grâce au Seigneur chacun pour notre mère, intercéder pour elle. Même si elle n’est plus là, cette femme nous est à chacun de nous toujours présente, unique, irremplaçable! Nous lui devons notre vie!
En ce dimanche, une heureuse coïncidence met l’amour à l’honneur. On peut faire un lien entre l’amour d’une mère pour son enfant et l’amour dont Jésus parle dans l’Évangile. Jésus se réfère d’abord à l’amour du Père dont il a l’expérience, mais l’amour de sa mère très sainte, la Vierge Marie, ne peut pas être loin de son ressenti et ne pas inspirer son discours, il me semble.
« Comme le Père m’a aimé, moi aussi je vous ai aimés ». Jésus, le bien-aimé du Père, le fils unique de Marie, nous dit qu’il nous aime comme le Père l’a aimé, et il nous demande de nous aimer les uns les autres du même amour. Quels grands modèles il nous donne! Quel grand défi il nous invite à relever!
Avec la figure du berger, il y a deux semaines, Jésus se révélait comme Celui qui rassemble ses brebis, les connaît, les appelle, les mène vers l’abondance. C’était nous dire à quelle relation privilégiée nous sommes appelés sous sa guidance ! L’allégorie de la vigne, dimanche dernier, nous disait la communion dans laquelle nous sommes établies avec le Christ, jusqu’à faire corps avec lui, jusqu’à vivre de sa vie. Difficile d’imaginer une demeure plus stable, une intimité plus grande ! Or, aujourd’hui, Jésus nous parle le langage de l’amour, de cet amour dont il nous aime et dont il veut que nous l’aimions, et dont il veut que nous nous aimions les uns les autres. L’image qu’il choisit pour en parler est celle de l’amitié. « Je vous appelle mes amis, car tout ce que j’ai entendu de mon Père, je vous l’ai fait connaître ».
Cela nous surprend peut-être d’entendre le Seigneur nous parler d’amitié, et qu’il veuille s’engager jusque-là avec nous. C’est le sentiment de notre indignité qui nous vient à l’esprit. Nous ne sommes pas à la hauteur ! Pourtant Jésus ouvre grand son cœur sur le nôtre. Il se met en quête de notre amour, à notre niveau. Il nous a aimés le premier, jusqu’à donner sa vie pour nous. C’est notre tour de répondre à cet amour en consentant à nous aimer les uns les autres, et à le faire en mémoire de lui.
« Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés ». C’est donc ce qu’il attend de nous. Ne cherchons pas ailleurs ni autrement comment lui plaire. N’allons pas vers d’autres recettes pour être heureux. L’amour fraternel, c’est le chemin à suivre ! N’attendons pas que nos frères et nos sœurs soient parfaits. N’attendons pas de l’être nous-mêmes. Le Christ a déposé en nous un trésor d’amour qu’il ne faut pas gaspiller en tardant à l’exploiter, à ne le mettant pas en pratique.
N’attendons pas d’être meilleurs. Nous le serons seulement par l’amour que nous aurons les uns pour les autres. Puisque cet amour sera celui dont Jésus nous a aimés. Notre amour, comme le sien, sauvera le monde. Et ce Salut, il commence dans notre cœur, dans notre désir authentique d’aimer, dans notre décision effective d’aimer comme lui, en le laissant aimer en nous. Hâtons-nous de vivre cet état de grâce, ce courant divin qui nous traverse ! Que ça devienne en nous comme une seconde nature, un instinct divin qui nous fait pencher vers les autres, nous décentrer de nous-mêmes et nous fait vivre comme Dieu, comme le Christ, comme notre maman, pour les autres.
Si le Seigneur nous demande avec autant d’insistance de nous aimer les uns les autres, jusqu’à nous en faire le commandement, ce n’est pas pour nous forcer la main devant l’impossible. C’est parce qu’il nous en donne la capacité, nous abreuvant lui-même à la source de l’Amour : « Comme le Père m’a aimé, moi aussi je vous ai aimés. Demeurez dans mon amour… Mon commandement le voici : aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés ». Voilà la clé, le secret de notre amour ! L’amour du Père et du Fils passant en nous et nous rendant chacun/chacune porteur de tendresse pour les autres ! Quelle grande puissance d’aimer devient la nôtre !
Fr Jacques Marcotte, O.P.
Québec, QC