Homélie du 28e dimanche du Temps ordinaire – le 9 octobre 2022
Étonnement, gratitude et Foi!
L’Évangile de ce dimanche nous livre un récit sur laquelle nous pourrions vouloir passer vite. En apparence, il s’agit seulement de constater l’ingratitude de neuf lépreux qui ne reviennent pas dire merci à Jésus qui vient pourtant de produire leur guérison. Un sur dix, qui revient, ce n’est pas fameux! Dire : MERCI! quand quelqu’un est bon pour nous, c’est élémentaire! C’est simple et facile! Et ça fait du bien à tout le monde!
Il y a des gens qui ont le merci facile. Ils ont le cœur à la gratitude. Ils sont aimables avec les gens, et ceux-ci le leur rendent bien. Pareille attitude est gagnante et contagieuse! Elle fait qu’on voit le beau côté des choses, qu’on a un regard positif et plus ouvert sur la réalité. C’est le réflexe des gens qui ont pris le parti d’être heureux même si tout ne va pas toujours à leur goût ni pour le mieux dans leurs projets. Et qui sait? Peut-être qu’ils seront ainsi menés vers quelques merveilleuses découvertes et de nouvelles possibilités?
Pour d’autres, c’est plus difficile. Peut-être sont-ils plus tournés vers eux-mêmes et vers leurs problèmes? Peut-être croient-ils que tout leur est dû? Ou bien ils ont le sentiment de n’avoir pas autant de chance que les autres. Ils vont plus dans le pessimisme et le blâme que dans les éloges. Leur ingratitude se nourrit peut-être de l’ignorance ou de l’insatisfaction chronique dont il souffre?
Mais il ne faut pas penser, dans le récit qui nous occupe, que de tous ces lépreux qui se tenaient à distance et criaient pour que Jésus les prenne en pitié, un seul est poli, reconnaissant et bon. Les neuf autres ne sont pas forcément des égoïstes, des insouciants et des ingrats. Au contraire, ils vont leur chemin pour se montrer aux prêtres, en obéissant à la consigne expresse de Jésus. Ils sont à cet égard tout à fait conformes à la loi. C’est bien plus l’ignorance qui fait qu’ils ne reviennent pas vers Jésus. Ils ne savent pas ce qui leur manque.
Une révélation extraordinaire éclaire en effet celui qui, sitôt qu’il est guéri, s’empresse de revenir vers Jésus, pendant que les autres continuent leur chemin. Pour lui, Jésus est bien plus que le maître à qui ils ont tous fait confiance. Jésus lui apparaît subitement comme le Seigneur Dieu en personne. C’est pourquoi « il se jeta la face contre terre aux pieds de Jésus en lui rendant grâce ».
C’est tout le mystère du Christ qui est mis en lumière par le témoignage de cet homme, un étranger pourtant, qui est non seulement guéri mais sauvé par sa foi dans le Christ. Son univers spirituel vient de basculer. Nous assistons avec lui à l’émergence de la foi totale dans le cœur d’un homme. Tous ces lépreux, ils avaient un minimum de foi en Jésus. Ils voyaient en lui un maître en route vers Jérusalem avec ses disciples. Un maître dont l’autorité et la compassion étaient reconnues. Ils espéraient de lui la guérison. Ils s’empressent d’ailleurs de lui obéir sans hésiter. Mais l’étranger a vu plus loin, plus profond dans le mystère de sa guérison. Il y voit l’œuvre de Dieu. Il reconnait la divinité de Jésus, d’où la prostration qu’il exécute. Il a vraiment compris que Jésus est son sauveur, le Sauveur! C’est pourquoi il revient, en louant Dieu, et se prosterne aux pieds de Jésus.
Profitons de l’Eucharistie de ce jour pour rendre grâce au Seigneur notre Dieu réellement présent au milieu de nous. Forts de notre foi, reconnaissons en lui le Sauveur du monde, celui qui peut nous guérir de toutes nos lèpres, celui qui est lui-même le Prêtre établi à jamais pour nous relier au Père. Rendons-lui grâce de tout notre cœur! Et entrons ainsi dans le monde nouveau du Royaume où tout est grâce, miséricorde et paix, Vie nouvelle! Que l’action de grâce de ce Jour nous donne d’entrer plus avant dans son Mystère!
Fr Jacques Marcotte, O.P.
Québec, QC